Algérie : les réseaux sociaux, laboratoire de la protestation contre Bouteflika

 
Photos d’une campagne lancée sur Facebook : elle incite à porter un ruban vert autour du bras pour protester contre la candidature de Bouteflika.
 
Alors que les manifestations contre le président Abdelaziz Bouteflika se multiplient en Algérie, les opposants à un quatrième mandat de l’actuel chef de l’Etat investissent en nombre les réseaux sociaux. Un moyen d’exprimer sa colère mais aussi d’organiser la mobilisation.
 
Depuis l’annonce de la candidature de Bouteflika, les initiatives se multiplient sur les réseaux sociaux pour dire « non » à un quatrième mandat. Signe que les réseaux sociaux sont en train de s’imposer comme le vecteur essentiel de mobilisation contre le chef de l’État, le mouvement « Barakat » (« ça suffit »), qui réclame l’instauration d’une « véritable démocratie », a récolté plus de 9000 de likes sur sa page Facebook, pourtant crée il y a trois jours seulement. 
CONTRIBUTEURS

« Le mouvement associatif est, lui, devenu totalement amorphe »

Karim Zakaria a organisé un sit-in à Constantine, lundi 1er mars.
 

Avec un groupe d’amis, nous avons vu la veille l’appel à manifester lancé par Amira Bouraoui [une des figures de la contestation algérienne], et nous nous sommes dit pourquoi ne pas organiser un sit-in ici à Constantine. Nous avons donc posté un appel, notamment, sur la page DZ Wall et celle de Renvoyés Sans Frontières. Munies de pancartes, presque une trentaine de personnes nous ont rejoint au square Bennasser (centre-ville), le lendemain, pour demander le départ de Bouteflika. Trente personnes, cela peut paraître peu, mais dans le contexte algérien actuel, cela étonne. Les gens ont d’habitude peur de parler et de manifester à cause des intimidations policières. Le mouvement associatif est, lui, devenu totalement amorphe car, depuis des années, quand une ONG ose critiquer le pouvoir, elle est privée de subventions.
 
 
 

Photo postée, mardi, sur la page Facebook  DZ Wall.

 
 Lors de ce sit-in, nous avons aussi eu l’idée, avec un ami militant, Mehdi Loucif, de lancer une initiative appelant ceux qui sont contre un quatrième mandat de Bouteflika de se prendre en photo avec un ruban vert autour du bras. Nous avons donc posté un message hier. Et jusqu’à aujourd’hui, nous avons reçu une dizaine de photos que nous avons postées sur Facebook.
 
 
 
 
Nous avons choisi le vert, parce que cette couleur représente la paix. C’est pour insister sur le fait que nos actions sont pacifiques.
Si l’idée des rubans verts commence à faire son chemin, un autre mode de protestation pourrait aussi voir le jour d’ici peu. Un autre militant, Kader Fares, a demandé aux internautes de griffonner des messages sur les billets de banque, une méthode utilisée par les Tunisiens contre Ennahda fin 2013.
 

Écrire sur tous nos billets de banque, au stylo et en petit: « Non au 4ème mandat BARAKAT [ça suffit] ». Les billets de banque, ça voyage d’une wilaya [département] à une autre, on peut même signer de l’autre coté par un prénom, l’âge et la Wilaya…
 
 
Le blogueur et activiste algérien Baki 7our Mansour a, de son côté, appelé les opposants à Bouteflika à ajouter la lettre لا (non) à leur photo de profil sur Facebook et Twitter. Et bon nombre de Twittos l’ont suivi…